mercredi 30 janvier 2013

Tela-Botanica : encyclopédie et réseau social



UN RESEAU CITOYEN AU SERVICE DE LA BOTANIQUE


Biodiversité, jardins solidaires, développement durable, jardinage urbain et jardins mobiles… Dans une société tournée de plus en plus vers des valeurs écologiques, Tela Botanica propose à tous d’être acteurs en participant à l’étude et la préservation de notre environnement. Bienvenue dans le monde de la botanique et du Web 2.0. !


A la fois encyclopédie et réseau social, le site Tela Botanica est unique en son genre dans le domaine de la botanique.
Aujourd’hui jeune retraité de 60 ans dans la région d’Avignon, Daniel Mathieu crée l’association Tela Botanica en 1999. « Cette élaboration est le croisement de mes différentes compétences : informatique et Internet, connaissance du milieu associatif et passion pour les questions environnementales et la botanique ». Il prend conscience qu’il n’existe pas grand-chose sur Internet dans le domaine de la botanique francophone. « L’information était dispersée et il n’ y avait pas ou peu de communication. Tout était à faire ! ».

Vulgarisation et observation

Ruddy Bénézet, informaticien à Nîmes, a découvert Tela Botanica en recherchant des noms de plantes sur Internet. « Le principe m’a tout de suite intéressé. Je m’y suis inscrit… C’était il y a 5 ans ».  Il participe à plusieurs projets de reconnaissance de plantes et de l’inventaire des espèces végétales communes. « C’est en collaboration avec le Muséum National d’Histoire Naturelle. Ce projet s’appelle Vigie-flore ». Très actif, Ruddy Bénézet s’occupe de forums sur Internet, et a fait des exposés lors de cours organisés à Montpellier sur la botanique. « Mon action prioritaire, c’est la promotion de la botanique ! J’aimerais intéresser les gamins dans les écoles. Apprendre à nommer une plante c’est déjà la respecter ».

Ingénieur chimiste, Daniel Mathieu n’était pas reconnu comme botaniste. Pour créer Tela Botanica, il s’associe à la Société Botanique de France. « Elle nous a apporté une légitimité. D’autres partenaires ont aussi été sollicités comme la « Garance voyageuse », seule revue ethno-botanique, et un bureau d’études de l’environnement à Metz, Biotope. Ensemble, nous avons défini l’éthique du réseau : travailler seulement par Internet et sur un mode collaboratif en échangeant librement les connaissances avec le plus grand nombre. Nous avons pris à contrepied les principes de ce milieu !  ».

Choisir Internet en 1999 n’était pas évident : cette bonne anticipation de ce mode de communication et de sa démocratisation a permis à Tela Botanica de se développer et de s’installer durablement. « Pour démarrer économiquement, nous avons bénéficié des emplois-jeunes et de l’aide de sponsors comme Yves Rocher et les Jardineries Botanic », se rappelle le fondateur.

L’équipe de 17 salariés – d’une moyenne d’âge de 30 ans - travaille dans des locaux installés dans l'institut de botanique de l’Université Montpellier 2. Daniel Mathieu est président du Conseil d’Administration depuis 1999 et Christel Vignau est la directrice. « Aujourd’hui, nous avons plus de 19000 membres : 50% sont des amateurs – dont 30% ont des métiers n’ayant aucun rapport avec la botanique - et 50% des professionnels, botanistes et scientifiques. Le nombre de connexions par jour se situe entre 8000 et 10000. Ce site, c’est autant notre outil de communication que notre outil de travail ».
Un des grand succès du site est la mise en ligne de l’actualité de la communauté botanique. « Les membres du réseau font de la veille informative et nous font un compte-rendu », se réjouit Daniel Mathieu. « Nous avons ainsi en lignes une quinzaine d’articles par semaine très divers à propos de livres, de colloques, etc… Nous affichons aussi de nombreuses offres d’emploi ».

Le réseau Tela Botanica veut être un vecteur de vulgarisation de la botanique pour un public citoyen et apporter une aide aux chercheurs en rassemblant des données. Pour mener à bien ces actions, deux programmes parmi d’autres sont particulièrement intéressants : « Les Sauvages de ma rue » et l’ « Observatoire des Saisons ».

Sciences participatives et citoyennes

Et si les citadins s’intéressaient à la biodiversité ? Jérémy Salinier – double compétence  en horticulture et  gestion de projet - anime le programme dédié au milieu urbain en partenariat avec le Museum national d’Histoire Naturelle de Paris. « Les sauvages de ma rue » propose « aux citadins, un protocole simple pour recenser la flore sauvage dans leur quartier. Aucun recensement de données n’existe. C’est à travers notre page Facebook, Twitter, la lettre d’actualités diffusée auprès des membres, la collaboration avec le Muséum national d’Histoire Naturelle que les connaissances s’échangent ».
Trente botanistes ont travaillé avec Jérémy Salinier à la réalisation d’un livre sur la flore urbaine sous la direction du Muséum et édité en juin 2012. « C’est pour le grand public et nous le voulions le plus accessible possible ».
Le programme veut aussi toucher les municipalités, les faire réfléchir sur l’emploi de pesticides et leur faire accepter les plantes sauvages en ville comme les mauvaises herbes.
Roland et Jean-François en sont deux membres actifs : le premier vit dans le 20ème arrondissement de Paris et le second en banlieue toulousaine.
Déjà investi dans une association de jardins partagés, Roland Le Boucher, retraité de la Lyonnaise des Eaux, se consacre aussi à sa passion pour l’ornithologie. « Je fais le comptage des oiseaux au Père Lachaise, au Bois de Vincennes, au Jardin des Plantes, dans mon jardin. Je fais un rapport régulier à Tela Botanica ».
A Balma, Jean-François Rouffet, fait, lui aussi, l’inventaire de la flore et de la faune – oiseaux et écureuils. « J’habite à la limite entre le milieu urbain et rural, c’est un environnement particulier de prairies humides. Tela Botanica a organisé une journée au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse pour présenter le réseau et les carnets en ligne qui permettent de collecter nos données directement sur le site. Des gens de l’Ariège, du Lot, des botanistes étaient présents. A la suite de cette journée nous avons créé un forum. C’est très stimulant ».

Ruddy Bénézet résume le travail  des tous les botanistes amateurs : « On recherche tout le temps. Du bout de garrigues derrière chez moi à l’herbe microscopique trouvée sous une pierre des Costières dont j'essaye de faire la détermination avec les botanistes de Tela Botanica. Un Palmier mal identifié dont j'adresse une photo à un spécialiste....C’est devenu une seconde nature ! ».

L’ « Observatoire des saisons » a débuté en 2007 à l’initiative d’Isabelle Chuine du CNRS/CEFE de Montpellier. Il représente, aujourd’hui, 2500 inscrits et 100 personnes sur le terrain qui surveillent les changements climatiques et collectent les données sur la faune et la flore. Jennifer Carré est la coordinatrice de ce programme. « Il s’agit de sensibiliser les citoyens et d’étudier les modifications de l’écosystème dues à l’évolution du climat. Il existe une véritable émulation entre les bénévoles qui récoltent les données et le groupement de chercheurs qui les analyse ».
Des journées de formation  – présentation du programme et du protocole, mise en situation sur le terrain, réflexions pédagogiques – sont organisées régulièrement.
Parmi les trois associations partenaires, Planète Sciences apporte les outils pédagogiques pour les actions auprès des écoles.
Séverine Marcq, 33 ans, est médiatrice scientifique à Mourenx (64). « Ma mission est de vulgariser la science par des expositions, des animations, des rencontres avec des chercheurs auprès des scolaires et du grand public dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques ». C’est par ce biais qu’elle a connu l’Observatoire des Saisons. « Depuis 5 ans, je propose le projet à des établissements scolaires. Chaque année, j’ai entre 5 et 10 classes, de l’école primaire au lycée : mise en place du protocole et des premières observations en octobre jusqu’à l’analyse en fin d’année. Entre temps, nous travaillons sur le changement climatique de manière plus générale. Les enseignants eux-mêmes sont libres d'enrichir à volonté le projet en y associant des expériences en biologie, des notions d'histoire, de géographie...
Cette année, je travaille avec l'atelier scientifique d'un collège des Landes qui va participer au concours "C génial" avec le projet ».

Et demain ?

Après s’être investi « à plus de 100% » dans la création et le développement de Tela Botanica, « ça a été un choix de vie », Daniel Mathieu se consacre essentiellement aux conférences, à la relation avec les partenaires et la recherche de nouveaux soutiens. « Je fais une dizaine de conférences par an avec des salariés de Tela. L’une des dernières était à Madrid lors d’un colloque sur la biodiversité. J’ai dû me remettre à l’anglais ! Ces interventions me permettent de parler du travail collaboratif et de nos programmes, de faire des rencontres bien sûr ».
Parmi les objectifs, la recherche de nouveaux financements tient une place importante. « Nous sommes soutenus par le ministère de l’Ecologie, des collectivités territoriales, des fondations comme Nature & Découverte ou l’Institut Klorane, des entreprises, des donateurs divers… Parmi nos partenaires on compte des parcs naturels régionaux, le CNRS, des laboratoires de recherche et des conservatoires botaniques ». Daniel Mathieu souhaiterait aussi élargir les partenariats avec les organisations agricoles et s’ouvrir plus largement sur l’international.

Pour les années à venir, le pari reste de développer encore le nombre de botanistes amateurs, élargir le public, développer des outils informatiques pour la collecte et l’identification de la flore.
Tela Botanica couvre déjà la France et quelques pays d’Europe francophones. Mais cherche à délocaliser encore plus le réseau et à former des relais, en s'appuyant sur les associations naturalistes dans toutes les régions de France. 
"Tela Botanica est aussi tourné vers l’Afrique du nord", ajoute Daniel Mathieu. "Beaucoup de nos membres vivent au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Nous voudrions développer le réseau avec leurs universités".  

Isabelle Oval


mardi 15 janvier 2013

Métabole : un accompagnement psychosocial pour les ados


ACCOMPAGNEMENT INDIVIDUALISE POUR DES ADOS EN SOUFFRANCE


A Paris et en Seine-Saint-Denis, l’association Métabole « place l’humain au centre de ses préoccupations » et propose un type d’accompagnement innovant pour des jeunes en grande difficulté. Parmi eux, Antonin (1), Alex et Marc en ont bénéficié. Témoignages.

Des locaux au rez-de-chaussée d’une résidence moderne, au fond d’une grande cour arborée, au cœur du XIème. C’est là qu’est situé l’établissement parisien de l’association Métabole : une grande salle d’accueil où une adolescente attend pour un entretien, un long couloir dessert quelques bureaux et une salle de réunion, l’ambiance est travailleuse et détendue. C’est un lieu d’accueil pour les 90 jeunes suivis par l’équipe de direction, les coordinateurs, les assistantes et les éducateurs.
Et depuis 2005, ce sont 60 adolescents qui sont pris en charge dans les mêmes conditions à Pantin, en Seine-Saint-Denis.
Créée en 1994, Métabole a pris sa place dans le paysage de la protection de l’enfance en Ile-de-France. Xavier Florian, directeur général, en est un des co-fondateurs. « C’est une association loi 1901. Nous accueillons des jeunes, de 16 à 21 ans, qui ont un parcours de vie traumatique, en grandes difficultés psychologiques, parfois déscolarisés depuis de nombreuses années. Certains d’entre eux ont des troubles du comportement et de la personnalité. C’est à eux que nous nous adressons ».
Pour ces jeunes, les interventions socio-éducatives traditionnelles des institutions sont inopérantes. Le dispositif mis en place par Métabole : hébergement individualisé en studio avec une allocation mensuelle et, pierre angulaire, l’accompagnement psycho-social conduit par un professionnel unique, psychologue clinicien-psychohérapeute de formation, l’ »accompagnateur psychosocial ». « Le challenge était d’arriver à leur faire accepter un travail psychologique », explique Xavier Florian. « Pas facile pour eux de se confier, ils ne veulent pas revivre leurs problèmes… ».
En France, la protection de l’enfance est mise en oeuvre par les départements. Les enfants dont les familles sont en difficulté, absentes ou défaillantes sont pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (A.S.E.) qui subvient à leurs besoins jusqu’à leurs 18 ans. «L’éducation, l’alimentation, l’hébergement, l’accompagnement scolaire ou dans l’insertion professionnelle… Tous les enfants y ont droit, c’est inscrit dans la loi, rappelle Xavier Florian. A partir de 18 ans, ce n’est plus obligatoire mais quand la situation le justifie, la prise en charge peut-être prolongée sana pouvoir excéder la date anniversaire des 21 ans. Ce sont les contrats « jeunes majeurs ». Mais pour des raisons administratives, politiques ou financières, les départements limitent leur durée, restreignent les conditions d’accès, voire en signent de moins en moins ».
Ahmed Arsalane, 40 ans, éducateur chez Métabole depuis 2 ans témoigne de l’engagement de l’association qui « apporte une solution alternative à ces jeunes envoyés par les services sociaux et qui sont dans une spirale de l’échec ».
Leur profil n’est pas celui d’adolescents délinquants mais des enfants laissés pour compte ou maltraités au sein d’une famille, qui vivent des situations dramatiques aboutissant à des comportements asociaux ou de type suicidaire. 

Apprendre l’autonomie
Pour ces jeunes, rejetés de dispositif en dispositif, Métabole « joue une autre carte », comme l’explique Xavier Florian. « Métabole a fait le choix du logement individuel pour plusieurs raisons. Faire un pas vers eux, en acceptant leur revendication d’indépendance et leur montrer ainsi notre confiance, les responsabiliser d’emblée. Ca fonctionne bien avec les ados. Et, bien souvent, quand ils arrivent la première fois dans leur studio, ils n’en croient pas leurs yeux ! ».
Les accueils collectifs masquent souvent les problèmes individuels. Les voir évoluer seuls permet de mettre en évidence rapidement les difficultés propres à chacun comme les rapports avec les voisins ou l’hygiène…
Antonin avait 17 ans en 2007 quand un juge pour enfants l’a dirigé vers Métabole. « J’avais déjà passé un an en AEMO (Action Educative en Milieu Ouvert). J’avais une scolarité normale dans un lycée parisien mais les rapports avec ma mère s’étaient dégradés et étaient même devenus violents… Il fallait que je quitte le domicile familial ». Pour intégrer le dispositif, Antonin va suivre le processus d’admission : pas moins de 5 entretiens avec un coordinateur, des psychologues et le directeur adjoint seront nécessaires pour évaluer la situation et les objectifs.
Quand l’admission est officialisée, commence alors une période d’évaluation de trois mois : le jeune accepté dans le dispositif signe un projet personnalisé qui précise ses engagements et ceux de l’institution. Elle permet de juger en situation ses capacités d’adaptation. Le jeune se voient allouer un studio et 420 euros par mois et gère son quotidien – le ménage, les courses, les relations de voisinage…
Durant ce trimestre, deux éducateurs en hébergement sont là pour accompagner cette première autonomie. « Nous sommes là pour les soutenir mais sans empiéter sur leur intimité », précise Ahmed. « Lors de nos rencontres nous portons attention à son état physique, à sa santé. On repère tout de suite s’il ya un mal être. Nous les accompagnons dans certaines démarches administratives si c’est nécessaire. Nous nous assurons de leurs capacités d’autonomie : l’entretien du lieu, la gestion du budget, les courses, l’hygiène corporelle, sa sociabilité… ».
A l’issue de ce trimestre, il est décidé si la prise en charge se poursuit ou non. « 85% s’engagent dans la durée, c’est à dire sur 2 à 3 ans en moyenne ; 15% n’y parviennent pas, très souvent pour des raisons de grands troubles psychologiques », souligne Xavier Florian.
Le suivi des prises en charge est assuré par trois coordinateurs. Chacun d’eux a la responsabilité de 30 jeunes et travaillent en étroite collaboration avec 9 accompagnateurs psychosociaux.
Bien sûr, le jeune n’est pas totalement livré à lui-même : les bureaux sont ouverts en semaine, les accompagnateurs psychosociaux peuvent intervenir du lundi au samedi de 8h00 à 21h00 et l’équipe de direction assure une permanence tous les jours et à toutes heures en cas d’urgence.
« Pas de murs, pas d’institution ni d’adultes » le soir pour les surveiller mais un dispositif « qui agit comme un filet. On est présent autrement », ajoute Xavier Florian.
« Il n’y a pas le poids de l’institution », ajoute Ahmed. « Nous avons un double des clés de leur logement mais seulement pour les cas d’urgence. Nous ne nous rendons chez eux qu’à leur demande».
Métabole prend des engagements très solides avec les propriétaires des studios. L’association veut être « irréprochable sur la régularité des loyers, sur la propreté des lieux et s’engage à remettre en état les studios à la fin du bail, sols et peintures ».
Pas toujours facile au départ de vivre cette autonomie. Ahmed se souvient d’un jeune garçon « qui se laissait envahir par ses proches et dont l’hygiène se dégradait avec l’accumulation de ses poubelles dans son studio ».
Il rapporte aussi l’histoire de Marc, arrivé chez Métabole en novembre 2010, « issu d’une famille de cadre supérieur, en conflit avec elle et qui vit très bien ses premiers mois dans le dispositif. Suite à une rencontre avec sa mère, il a replongé dans ses traumas, s’est refermé sur lui-même à nouveau. Et se laissait aller : vêtements sales, manque d’hygiène, ne faisait plus la vaisselle, etc. ».

L’accompagnement psycho-social
Avec de la patience, de l’écoute et le travail avec le psychologue, Marc s’en est sorti et a passé brillamment son bac professionnel en mécanique.
Car c’est là, le point fort et innovant de Métabole : la mise en place d’un accompagnement psychosocial. Nicolas Peraldi, psychanalyste, travaille depuis 10 ans en partenariat avec Métabole. « Tout le système repose sur les modalités du suivi psychologique. J’ai été tout de suite séduit par leur approche nouvelle : ne pas dissocier la vie sociale et les problèmes psychologiques. Nous sommes des accompagnateurs psychosociaux ».
C’est une équipe de 45 psychologues-psychotérapeutes qui suivent les adolescents de Métabole, à Paris et en Seine-Saint-Denis. « Nous ne sommes pas salariés de l’association, nous travaillons en libéral et restons donc indépendants de toute institution », souligne Nicolas Peraldi.
Lors des entretiens d’admission, l’adolescent rencontre trois psychologues et choisi celui avec qui il souhaite continuer. C’est un choix important qui l’engage tout au long de sa prise en charge. Les rencontres se passent deux fois par semaine dans le cabinet du praticien. Ce dernier fait un compte-rendu des entretiens aux équipes de Métabole.
Antonin avait « des réticences au début. Mais j’ai joué le jeu et j’ai choisi le psychologue avec qui je souhaitais travailler. Sans lui je n’aurais pas arrêté de culpabiliser et ni compris que les torts étaient partagés avec ma mère. Ca m’a permis d’avancer et de mieux gérer mes humeurs. Et aujourd’hui, je fais des projets pas envisageables il y a 5 ans ! ».
En 10 ans, Nicolas Peraldi a suivi une quinzaine de jeunes et émis deux avis défavorables pour des troubles psychiques lourds. « Beaucoup sont séduits par Métabole mais tous ne sont pas prêts à s’engager en milieu ouvert. Pour ceux qui le sont, leur donner la parole pour choisir leur accompagnant psycho-social c’est accorder du crédit à leur parole ».
Vaincre leur méfiance, les laisser parler à leur rythme, leur apprendre à dire « je »: les adolescents ont souvent du mal à s’approprier leur propre discours qui jusque là a été « diluer » par celui des parents, des éducateurs,… « Certains prennent plus de temps mais tous finissent par parler, confie Nicolas Peraldi. « Quand la parole ne vient pas, le psychologue ne doit pas se taire. On engage alors une conversation ordinaire : livres, ciné, amis… Je me souviens de cette jeune fille qui ne disait pas un mot au début. J’ai engagé la conversation sur son tatouage et la parole s’est dénouée ! C’est sur l’intime, sur leurs blessures qu’il faut les laisser venir à nous ».
Alex, 20 ans aujourd’hui, avait déjà connu l’autonomie. Sans famille, il a grandi dans les foyers et avait déjà bénéficié d’une chambre, seul. Mais il souhaitait une vraie autonomie : à 18 ans, scolarisé dans un lycée hôtelier de Clichy-sous-Bois, Alex fait des recherches sur Internet et trouve le site de Métabole. « Une éducatrice de l’A.S.E. m’a aidé à monter mon dossier d’inscription. J’ai connu quelques moments de solitude mais j’étais bien soutenu par mon accompagnât psychosocial. C’était facile de lui parler, il m’a aidé à garder les pieds sur terre et à avancer ».
Parallèlement au travail thérapeutique, le psychologue peut être amené à accompagner le jeune hors du cabinet pour des démarches ou des rencontres avec le principal d’établissement, un médecin ou un employeur par exemple. Nicolas Peraldi précise les conditions de cet accompagnement : « C’est toujours pensé et organisé avec les ados, et toujours en leur présence ». Et Alex en souligne l’importance : « C’était une relation de confiance grâce au soutien par la parole et aux démarches faites ensemble ».

Un nouveau cycle
Les statistiques et les rapports établis par Métabole démontrent que « plus le jeune reste longtemps dans le dispositif, meilleure est sa situation à la sortie ». Cette évaluation se fait sur trois critères objectifs et concrets : progrès en terme de qualification (diplôme, évolution scolaire), accès à l’emploi, accès au logement. Les jeunes qui restent plus de 3 ans sont 85% à accéder à une qualification, 50% à un logement stable, environ 60% à accéder à un emploi ou à finir une formation en alternance.
Antonin prépare aujourd’hui un master en sciences humaines. Il est retourné vivre chez sa mère en juillet 2011 et va partir, pour ses études, 4 mois au Canada. Quant à Alex, il a trouvé un appartement en location et travaille comme vendeur.
Xavier Florian insiste : « On ne prétend pas remplacer les systèmes traditionnels mais nous sommes là pour les adolescents pour qui ils ne fonctionnent pas. On s’aperçoit que dans l’immense majorité, ils ne se mettent pas en danger, ils gèrent correctement leur lieu de vie même si quelques uns font des bêtises ordinaires. Très peu ont des troubles alimentaires ou dépensent leur argent de manière irréfléchie ».
L’actualité pour l’association c’est l’autorisation, en janvier 2012, du dispositif pour 15 ans par les départements de Paris et de Seine-Saint-Denis. C’était une autorisation attendue. « Nous aurions dû l’obtenir dès 1994 mais nous étions trop originaux, le dispositif trop expérimental et notre statut était flou par rapport aux lois de l’action sociale existantes », explique Xavier Florian. « Nous avons fonctionné dans un no man’s land juridique ». Cette reconnaissance « est une belle victoire pour nos équipes. Ce projet qui reste original, de mise en autonomie et d’accompagnement psychosocial, est normalisé ».
C’est un nouveau cycle qui commence pour Métabole, de nouveaux projets comme la coopération avec d’autres associations et l’aide auprès de structures en difficulté. C’est le cas, avec une association marseillaise de réinsertion sociale et ayant le même public d’adolescents.

Isabelle Oval

(1) Les prénoms ont été changés

METABOLE
Siège
206, rue de Belleville
75020 Paris

mardi 1 janvier 2013

Mon CV 2013



JOURNALISTE
Diplômée 2003 du CFJ


EXPERIENCES PROFESSIONNELLES



REPORTERS D’ESPOIRS, agence de presse (depuis juillet 2010) : journaliste pigiste (Rue89, Version Fémina, Fondation Vinci, site Génération en action…). Sujets : économie solidaire, développement durable, réinsertion sociale,…

SOS ENFANTS, association humanitaire d’aide aux enfants dans le monde (depuis 2007)
Bénévolat : rédaction, communication – chargée des partenariats évènementiels, gestion des parrainages.

FEDERATION LA VOIX DE L’ENFANT, association de défense des droits de l’enfant (mars 2003 – juin 2007)
Chargée de la communication.
     Rédactrice : lettres d’information hebdomadaires et trimestrielles.

AMNESTY INTERNATIONAL (2002 - 2003)
Bénévolat : Rédactrice au service de presse.

GROUPE DE PRESSE L'ETUDIANT (2000 – 2002)
Auteur du livre « Les métiers de la documentation et des bibliothèques ». Parution en novembre 2000. Réactualisation en 2002.

GO EDITIONS (2000)
Rédactrice pour le « Guide GO des formations internationales ».

TOEIC NEWSLETTER, test of english for international communication (2001)
Journaliste pigiste.

INSTITUT CULTUREL FRANCAIS DE HEIDELBERG, Allemagne (1999)
Documentaliste : mise en place d’un système d’auto documentation pour les étudiants allemands et les journalistes.

ECOLE FRANCAISE DE HEIDELBERG, Allemagne (1999)
Rédactrice des pages du site Internet.

GROUPE DE PRESSE L’ETUDIANT (1990 – 1994)
Documentaliste.

AGENCE DE PRESSE ZELIG (1989)
Pigiste : Femme Actuelle ; journaux professionnels.
Documentaliste : rédaction du « Guide des entreprises qui recrutent ».


JOURNAL DE TOULOUSE, quotidien (1987 – 1989)
Journaliste pigiste : rubrique des sports.

REVUE CITES LATINES, revue culturelle régionale toulousaine (1986 – 1989)
Secrétaire de rédaction et maquettiste.